La Compagnie des amis de Platon, représentation théâtrale du texte de Platon : Ménon
Semaine après semaine, jour après jour, les heures de travail s’enchaînent à un rythme effréné, en approche d’un baccalauréat inévitable. Cette monotonie nous enferme, limite notre pensée et nos questions sur la vie et son sens. Le spectacle Ménon a constitué une véritable ouverture d’esprit, en brisant l’angoisse relative aux examens, la répétition du travail et la récurrence des cours, afin de soulever des questions plus profondes sur le langage, la compréhension, l’enseignement et même l’existence de l’âme. Pour certains élèves, il s’agissait d’une simple pause après les cours, dont le format ne suscitait pas le plus grand des intérêts (un film aurait été mieux).
Pour d’autres, c’était une porte d’entrée vers le monde de la philosophie « J’ai perçu cette représentation comme plaisante, et par ailleurs éclairante quant aux paroles de Platon » dixit un élève de terminale. Pour moi, c’était un bouleversement et une redécouverte d’un art souvent oublié : le théâtre.
C’est d’une voix forte que plusieurs vérités sont parvenues à mes oreilles, l’existence de l’âme, démontrée par Platon, simplement en posant des questions.
J’ai été tout simplement captivé pendant ces deux heures de représentation, à propos du texte Ménon de Platon.
La Compagnie des Amis de Platon, créée par Marie-Ange Mathieu, professeure agrégée de Philosophie, a su présenter les dialogues de Platon sous un nouvel angle, avec un réalisme surprenant. Par un heureux hasard, il s’agissait d’un thème déjà abordé en classe, sur l’importance de la définition des mots, afin de pouvoir communiquer et réfléchir sur un sujet (Comment devenir quelqu’un d’excellent ? Est-ce que l’excellence s’apprend ? Si tel est le cas, qui peut se charger de cette tâche délicate ?). J’ai tout d’abord été impressionné par le talent des comédiens, avec un Platon monumental, aussi bien dans sa posture et dans son expression que dans son intonation.
La mise en scène était tellement détaillée (Platon et l’esclave, avec des vêtements simples, pieds-nus ; en opposition avec Menon et Anytos dont les vêtements brodés laissaient paraître leurs richesses) que « Dès que nous sommes entrés dans l’amphithéâtre, à la vue d’un décor harmonieusement placé, pensé dans les moindres détails, nous avons été immédiatement plongés dans la Grèce antique » Joséphine T02.
L’évolution de la pièce, les changements de scène, les placements des comédiens : rien n’était laissé au hasard et le déroulement de l’histoire semblait d’une logique aussi implacable que pertinente, nous poussant à nous interroger sur nos propres démarches, aussi bien au travail que dans notre quotidien. A la fin de la pièce, nous avons même pu échanger avec les comédiens, en apprendre plus sur leur métier, leur passion et leur engagement quotidien afin de maîtriser chaque détail, chaque geste et chaque expression. Cet échange final était très instructif sur l’ampleur du jeu d’acteur, notamment avec Platon, qui avait une voix complètement différente et portait des lunettes.
Ce fut une expérience qui a plu dans l’ensemble, une découverte tout aussi enrichissante qu’intéressante et qui nous a permis d’apprécier, d’une nouvelle manière, la philosophie.
Nicolas Ducher T02