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Que se passe-t-il au Soudan ?
Le samedi 15 avril, Khartoum, la capitale du Soudan, est frappée par la guerre civile. Depuis, les combats y font rage, et les victimes de ce conflit sont nombreuses. Ce dernier, en apparence uniquement intérieur, a des origines et des répercussions internationales.
Le Soudan est un État africain de près de 46 millions d’habitants, majoritairement musulmans, qui fut une colonie britannique jusqu’en 1955. En 1989, le militaire Omar el-Bechir prit le pouvoir par la force, et le conserva jusqu’en 2019, malgré la division du pays en deux États (le Soudan et le Sud-Soudan).
Le général al-Burhan fut nommé à la tête du coup d’État, avec, à ses côtés, Mohamed H. Dogolo, dit Hemetti. Ces deux militaires, refusant l’évolution démocratique du pays, firent un autre coup d’État en 2021, qui fut condamné par l’ONU. Les manifestations qui y répondirent furent violemment réprimées. Le général al-Burhan conserva ainsi le pouvoir, avec l’appui de l’armée régulière soudanaise et des Forces de Soutien Rapide de Hemetti.
Les deux généraux cependant ont des avis et des intérêts divergents. Al-Burhan, soutenu par l’Égypte, souhaite instaurer la charia et confondre politique et religion, avec une vision autoritaire de sa conservation du pouvoir. Hemetti, de son côté, appuyé financièrement par l’Arabie Saoudite, dit vouloir lutter contre l’islamisme. L’orgueil des deux chefs d’armés a également contribué à la dégradation de la situation déjà tendue.
Le général Abdel Fattah al-Burhan
Le général Mohamed Hamad Dogolo
La dimension internationale du problème ne vient pas directement de cette rivalité militaire. En effet, le Soudan est un pays exportateur d’or et de ressources agricoles. Ses principaux partenaires commerciaux sont les Émirats Arabes Unis, la Chine et l’Inde (qui représentent 60 % de leurs importations et 80 % de leurs exportations). Il est donc de l’intérêt de ces nations de faire en sorte de ramener le calme politique et économique du pays.
De plus, durant le guerre froide, opposant les États-Unis à l’URSS, les deux plus grandes puissances de l’époque, le Soudan s’est rapproché de l’Union Soviétique. L’effondrement de cette dernière en 1991 a fragilisé leurs relations, et il a fallu attendre l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine pour que les deux pays renouent des relations diplomatiques. Le principal objectif de la Russie est de s’assurer une position stable en Mer Rouge en passant un accord avec le Soudan pour avoir accès à un port stratégique dans la ville de Port-Soudan. Bien que les deux chefs militaires soient pour une coopération active avec cette puissance, le conflit retarde les accords, ce qui irrite le Kremlin.
La guerre civile dure ainsi depuis maintenant deux semaines, et a fait près de 550 morts et 4 600 blessés. Malgré les aides d’organisations humanitaires, les civils, privés d’eau et d’électricité, ne sont pas à l’abri des violences. Afin de limiter les dégâts, de nombreuses négociations sont entamées, les dernières ayant abouti à un cessez-le-feu durant le week-end du 29 au 30 avril. La suite du conflit reste incertaine, mais le plus à craindre serait que la situation s’envenime et prenne un dimension régionale.
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